Acheter?

Faites-vous des achats? Assurément, un jour ou l’autre. Dans nos villes, comme dans nos campagnes et nos villages, les gens font des achats. Il semble bien lointain le temps où les gens vivaient presqu’en autarcie.
Mon père me racontait qu’au lendemain de la première guerre mondiale (il y a 100 ans, donc) ses grands-parents n’avaient pas contracté la terrible grippe espagnole, puisqu’ils vivaient sur une ferme, et ne se mêlaient pas aux autres personnes, excepté pour la messe du dimanche.
Cela voulait dire qu’ils ne se promenaient pas dans les magasins. Leurs achats alimentaires se réduisaient à se rendre au magasin général acheter du sel et de la farine et assez rarement.
Tout ceci est désormais révolu pour le meilleur et pour le pire. Nos parents eux-mêmes n’ont pas connu cette vie. Vivre en autarcie ne pourrait convenir qu’à des ermites vivant à la campagne, ce qui est une vocation exceptionnelle.
Nous faisons des achats en nourriture, en vêtements, et en appareils de toute sorte.
Qui a dit ceci? Essayez de deviner : «  Acheter est non seulement un acte économique mais aussi un acte moral. »
Qui a dit ceci d’après vous? Naomi Klein? Françoise David?
Non, c’est Benoit XVI. Quoi? Le pape Benoit, ce pape conservateur, bien intéressé par des points liturgiques, c’est bien lui qui a écrit ça?
Le pape François le cite dans son encyclique Laudato Si.
Oui, nos achats ne sont pas sans conséquences. Autrement dit, le seul critère d’un achat moral ne peut être seulement le prix le plus bas, comme une célèbre chaîne de magasins nous le chante. Non.
Si j’achète du café équitable plutôt que du Maxwell House, je fais bien, car bien que ce café soit vendu plus cher, les ouvriers qui récoltent le café reçoivent un peu plus d’argent pour leur travail.
Si vous achetez du café Costa Ricain, qu’il soit dit équitable ou non, plutôt qu’une marque banale, vous faites bien car pour avoir vécu un an dans ce pays, je sais que le niveau de vie de la classe la plus modeste est meilleur que dans les pays voisins, où c’est carrément la misère.
L’éducation est assurée pour tous et les soins de santé aussi.
Au niveau des vêtements, si nous avons un rythme de vie équilibré, il se peut que nous n’aurons pas des fluctuations de poids importantes (en général) et nous pourrons user les vêtements que nous avons.
Comme franciscain, fils de saint François, je peux dire que je porte certains chandails depuis 25 ans. Des vêtements d’été. Il faut bien que j’ajoute que mon bagage génétique y contribue!
Dans le domaine des vêtements, si nous conservions nos vêtements (ici, je ne parle pas des enfants ou des adolescents qui grandissent) , peut-être éviterions nous d’inonder la planète avec des vêtements que l’on met de côté ou même que l’on jette.
N’avez-vous jamais vu des africains portant des T-Shirts où c’est écrit : « Iowa State University »?
Comment un africain peut-il bien porter un t-shirt d’une université qui est si loin de lui?
Nous, les Nord-Américains, nous inondons la planète avec des vêtements que nous mettons rapidement de coté!
Chez nous, il y a le « village des valeurs » ou village value qui va revendre des vêtements d’occasion.
En Amérique centrale, je voyais des magasins nous annonçant de la ropa americana. Je me demandais bien ce qu’étaient ces vêtements américains. Non, il ne s’agit pas de la dernière mode des États-Unis ou de quelque mode de prestige que ce soit.
Croyez-le ou non, il s’agit plutôt de vêtements d’occasion en provenance des États-Unis.
Comment ce commerce s’est créé? Je ne sais pas. Mais j’ai déjà lu que certains vêtements traditionnels dans les pays du sud se perdent car c’est tellement plus facile d’aller acheter pour quelques sous un t-shirt ou un pantalon porté par une personne de Toronto ou de New York et qui n’en veut plus.
Dernier domaine que je voudrais souligner : les appareils.
Là, c’est un domaine un peu plus complexe. Par ex : les ordinateurs sont rentrés dans nos vies, il y a environ une vingtaine d’années. Depuis le premier ordinateur acheté, nous sommes peut-être rendus au 3e ou 4e ou 5e, car la plupart des appareils sont programmés pour briser dans un temps assez rapide. Et dans le cas des ordinateurs, Microsoft et Apple se font un plaisir de rendre nos logiciels désuets en un temps record!
Quand c’est possible, essayons nous d’acheter des appareils durables, quitte à payer un peu plus, si nous en sommes capables?
Dans notre fraternité des capucins, nous avons acheté récemment une nouvelle lessiveuse et une nouvelle sécheuse, avec des garanties de 10 ans. J’ignore si on peut trouver sur le marché, des garanties de plus de dix ans, mais j’en doute. Ce n’est qu’un exemple, mais il peut jeter de la lumière sur ce que j’écris!
Pour éviter que notre planète ne devienne un immense dépotoir, prenons-en soin et il est bon de prendre conscience comme chrétien et personne de bonne volonté, que nos achats ont des conséquences ainsi que l’expérience et les papes nous le rappellent!

août 20, 2018