Église de demain?

Un confrère m’a demandé d’écrire sur un sujet donné : « Église de demain ». Bien malin qui peut s’aventurer à la décrire!

En tout domaine, il est bien aventureux de vouloir jouer au visionnaire ou à la « voyante » et de dire de quoi l’avenir est fait, même l’avenir le plus immédiat.

Il y a des tendances, et tout ce que l’on peut faire, c’est parler des tendances déjà à l’œuvre. Mais qui aurait pu dire seulement il y a douze mois, que toute la planète serait submergée par un virus inconnu et une maladie inconnue? Et que tous les pays s’en ressentiraient? Personne ou à peu près….

Si je me limite à parler de l’Église au Canada et au Québec, nous voyons bien que l’Église d’ici est en pleine cure d’amaigrissement. Il n’y aura pas beaucoup de grands bâtiments qui demeureront en fonction.  C’est le gouvernement provincial qui devrait débloquer les fonds nécessaires pour maintenir le patrimoine que nos aïeux avaient édifié.
L’Église d’ici est appelée à l’humilité et elle le sera encore plus. On peut voir déjà combien les paliers de gouvernement ne se soucient guère de l’avis de nos évêques.

Toutefois, l’Église peut encore et toujours prendre en exemple Jean Baptiste. Il savait être une voix qui crie dans le désert, mais cela ne l’a pas empêché de continuer à crier toutes les fois qu’il se savait inspiré par Dieu.

Une tendance qui est déjà à l’œuvre dans notre Église, et qui ne cessera sans doute pas de se manifester est que notre Église du Québec et du Canada ne cessera pas de devenir plus « colorée » et moins tissée de « purs-laines » .

Dans les paroisses urbaines, on voit déjà et on le verra de plus en plus des gens issus de l’émigration récente ou plus ou moins récente fréquenter nos sanctuaires ou nos paroisses et s’impliquer aussi dans les différents rôles et services liturgiques ou caritatifs.

Et on peut déjà constater aussi que dans plusieurs diocèses éloignés des grands centres, ( par ex : Rimouski au QC, ou Timmins en Ontario) on fait déjà appel à des prêtres venus d’ailleurs : Afrique ou Amérique latine. Cette tendance ne devrait pas diminuer, à moins d’un miracle. Avons-nous assez prié pour des vocations chez nous?  Il y a déjà beaucoup de prières qui se sont faites pour des vocations locales, mais nous n’avons aucun indice pour nous permettre de savoir quand exactement elles vont être exaucées : Dans 10 ans, dans 50 ans ou bien dans 100 ans? Car comme nous l’a écrit il y a déjà bien longtemps saint Pierre : « devant le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. » (2 P, 3,8) 

Ceci dit concernant la possibilité de vocations locales.

Pour ce qui est de l’éventuelle ordination d’hommes mariés, il y a bien des prélats puissants au Vatican qui ne veulent même pas qu’on envisage cette possibilité de peur de remettre en cause « la grandeur du sacerdoce ». Et je ne caricature pas. Voyez le livre « Des profondeurs de nos cœurs » du cardinal Robert Sarah.

Donc, après avoir noté tout ceci, nous pouvons en conclure que nos diocèses auront de plus en plus des prêtres venus d’ailleurs. Certains seront très bien sans doute, et d’autres moins bien. Tout le monde n’a pas la grâce de s’inculturer.

Les territoires du Nord du Canada ont toujours été considérés « territoire de mission ».  Mais hormis de très grandes villes comme Toronto et Montréal, c’est l’ensemble du Canada qui est en train de devenir territoire de mission.

Est-ce que prévoir que nous devenons « zones de mission » a de quoi nous décourager ou nous désespérer?

Nous pouvons certainement garder l’espérance.

L’Église est communion. Lorsque des fidèles continuent de rester fidèles, il y a de l’espérance.

Il y a l’Ordre franciscains séculier qui pourrait jouer un grand rôle, s’il déployait enfin toutes ses potentialités. La figure de François d’Assise a encore tant de possibilités à offrir en termes de fraternité à vivre et de service des pauvres. Le pape François vient de publier un document sur la fraternité : c’est à découvrir! Comment les jeunes pourraient-ils faire connaissance avec un saint aussi actuel ?

Il existe aussi des petits groupes ou des communautés de base, des gens qui se réunissent dans des maisons ordinaires et qui partagent leur vécu à la lumière de la Parole de Dieu.

C’est une expérience qui a été forte en Amérique latine et qui s’est fait à quelques endroits dans certains de nos diocèses. La Parole de Dieu est si forte et réussit à animer le cœur des gens en l’absence de grandes structures.

Et ne soyons pas aveugles : on l’a bien vu pendant le confinement. Des témoins de Dieu qui acceptent de partager leurs réflexions par le truchement des réseaux sociaux ou des vidéos conférences, auront toute la place dans ce monde virtuel déjà si présent. Ce serait être dinosaure que de ne pas le reconnaitre. Même s’il faudra bien découvrir aussi les limites du virtuel! Combien de personnes obsédées par leur cellulaire?

Je crois que le Seigneur suscitera des convertis encore au XXIe siècle et que ces convertis sauront témoigner de leur foi et de leur espérance avec leur entourage. Certains seront touchés.  D’autres resteront imperméables. Car un converti dérange toujours un peu….

Finalement, c’est Jésus Christ qui est la piste finale. C’est lui qui sait creuser les chemins pour les croyants de l’avenir.

octobre 8, 2020