La vie qu’on mène.

En novembre 2019, il y a un an et demi, (juste avant le déclenchement de la tourmente mondiale  que nous traversons encore), je marchais dans Rome alors que nous avions terminé la formation des nouveaux  assistants spirituels nationaux de l’Ordre franciscain séculier.  Je marchais avec un capucin australien qui avait suivi la même session que moi. Le capucin qui s’appellait frère John désirait aller dans une église où il y a l’icône de Notre-Dame du Perpétuel Secours. C’est une des icônes les plus connues.

Tout à coup, un jeune dans la vingtaine  nous accoste et c’est un jeune allemand.  Nous avons une courte conversation ensemble en anglais et frère John lui parle de l’église où se trouverait l’icône.  C’est alors que le jeune allemand soulève son T-Shirt et nous voyons qu’il a l’icône de Notre-Dame du Perpétuel Secours tatouée sur le ventre.

Ce que je viens de vous écrire est une  introduction pour parler combien en Occident cette mode s’est répandue; le tatouage.

Lorsqu’il fait un peu plus chaud le moindrement, les gens s’habillent plus court, et tout à coup on voit apparaitre biceps et mollets tatoués, avant bras, etc.

Et pas seulement des images de la Sainte Vierge, cela n’arrive presque jamais au Canada, mais toutes sortes de tatouages : des fleurs, des inscriptions, des flèches, des dessins qui font ressortir les muscles, etc. Et parfois, plus macabres : des têtes de mort.

J’ai été voir des statistiques sur Internet. Sans surprise, Les États-Unis sont dans les pays en tête de liste. Presque toutes les modes occidentales récentes sont nées aux États-Unis. Cela commence chez l’Oncle Sam, le Canada suit l’année suivante, et peu de temps après, les pays européens. ET puis finalement, quand l’engouement s’est bien répandu en Occident, c’est le reste de la planète qui suivra plus ou moins. A moins d’être en Corée du Nord, et de filtrer toute communication avec le monde extérieur à la manière de 1984, tout se répand à toute vitesse.

Il n’est pas question pour moi de juger les personnes qui se font des tatouages.Et ça commence à faire bien du monde.  Mais je poserais simplement la question : quel bien est-ce qu’on retire des tatouages?

Il faut payer. C’est cher.  Il y a des gens qui vont vivre grâce à cette mode.  Pourtant c’est douloureux de recevoir un tatouage. Je ne connais vraiment personne de proche qui en a. Mais j’ai entendu que c’est moins douloureux sur la jambe que sur le bras ou ailleurs.

Mais qu’est-ce qui fait que en 1980, la  grande majorité des gens n’avaient pas de tatouage, c’était des marginaux qui se faisaient faire cela, et que maintenant presque la moitié des gens dans certains pays ont au moins un tatouage?

Je ne suis pas sociologue, et je ne suis pas anthropologue. En Océanie, on sait bien que c’était différent de ce qui est véhiculé comme mode en Occident. En Océanie, il ne s’agissait pas d’une mode ou d’une pratique mercantile, mais d’une pratique traditionnelle qui s’insérait dans un héritage.  A ce moment là, l’individu seul, n’est  pas seul à donner l’explication car cela s’insère dans la tradition d’un clan ou d’une ethnie.

En Occident, où nous avons voulu rompre avant tant de traditions (et le Québec comme société occidentale en est un échantillon exemplaire), se pourrait-il que les tatouages soient un emblème de cet individualisme triomphant?

On vit chacun pour soi, souvent. On s’est éloigné des appartenances que nous avions à telle ou telle région, la paroisse ne signifie plus rien pour nombre de personnes et nos églises qui ferment sont là pour le démontrer, alors que reste-t’il pour donner sens à nos vies?

Métro-boulot-dodo, et maintenant le télétravail, n’est-ce pas un peu court pour donner sens à nos vies?

Il y a eu des modes de tous les temps, et bien sûr que les gens de 1900 ne s’habillaient plus exactement comme en 1800, mais nous sentons tous que dans ce monde individualiste d’aujourd’hui, on cherche à se trouver une identité à travers des modes passagères comme celle des tatouages.

Qui pourrait  mieux donner sens à nos vies que Jésus Christ Notre Seigneur et son évangile?

Soyons bons, soyons aimables et soyons miséricordieux avec toute personne. Ceci dit, cela ne devrait pas nous empêcher d’essayer de comprendre le monde dans lequel nous vivons. Et de le faire avec lucidité.

avril 17, 2021