L’effervescence du renouveau du Saint-Esprit!

La fête de la Pentecôte que nous venons tout juste de célébrer nous pousse à parler davantage du St-Esprit. Parfois, j’ai l’impression qu’on en parle comme s’il Était à part de Dieu, mais le Saint-Esprit est bien à l’intérieur de Dieu, c’est la troisième personne de la Sainte Trinité.
Lorsqu’on parle de Dieu, on évoque spontanément le Père éternel. On pense et on parle beaucoup de Jésus le Fils de Dieu aussi, évidemment. On pense moins au Saint-Esprit.
Pourtant dans les années ’70, on a vu la montée en flèche du renouveau charismatique, axé sur la redécouverte des dons du Saint-Esprit. La fièvre semble être bien retombée mais ce fut toute une vitalité qui s’est greffée à nos paroisses à ce moment là. Ce n’est pas un mystère pour personne que l’origine de ce mouvement ecclésial est à rechercher du côté des protestants pentecôtistes. Ne s’en scandaliseront peut-être que les traditionnalistes de Mgr Lefebvre, l’évêque schismatique qui avait rejeté Vatican II. Le Saint-Esprit est le Tout-Puissant et peut abattre les cloisons que nous nous sommes érigés nous-mêmes.
La naissance des charismatiques dans l’Église catholique serait à chercher dans une université des États-Unis en 1967, en fait de Pittsburgh. J’avais lu ceci il y a bien longtemps, et Wikipédia me l’a confirmé!
Le renouveau charismatique a connu alors une propagation accélérée. Il s’est répandu au Canada, comme une traînée de poudre.
Dans ma région natale, les Cantons de L’Est (on dit parfois l’Estrie!), il y avait une maison de retraite de L’Ordre des Trinitaires, le Mont plaisant dans la ville de Granby, qui devint un centre charismatique important. En 1973, déjà, au pavillon d’Éducation physique (PEPS) de l’Université Laval à Québec, il y eut un congrès charismatique qui attira….bien du monde, je n’ai pas de statistiques sous les mains. Ce que je sais personnellement, c’est que ma mère s’est inscrit à ce congrès , j’ai accompagné ma mère alors que j’avais neuf ans à peine. A l’issue de la messe de clôture de ce congrès, ma mère a voulu rencontrer le célèbre père Jean-Paul Régimbald qui a fait une vibrante et chaleureuse prière pour mon père qui avait des problèmes d’alcoolisme, à notre demande. C’est la seule fois où j’ai rencontré ce Trinitaire, mais j’étais trop jeune pour vraiment réaliser qui il était. Son nom est sur Wikipédia, et certains de ses vidéos sont sur youtube.
A cette époque, j’oserais dire que presque chaque village du Québec s’était doté d’un groupe de prières charismatiques. Et sans doute toutes les villes. Avec mon expérience d’enfant et d’adolescent, j’ai vu le village beauceron de ma grand-mère et de mes tantes, St-Côme, où des réunions de prières se tenaient dans la salle paroissiale et pouvait rassembler facilement de 75 à 100 personnes (pour une population d’environ 1000 personnes).
Plus humblement encore, des réunions de prière se tenaient dans les maisons des gens eux-mêmes : je l’ai vu et entendu à St-François Xavier, un petit village près de Windsor, QC et dans notre tout petit village de Kingsbury.
C’est une dame Morneau qui a offert une pièce de sa grande maison pour permettre au petit groupe d’une dizaine de personnes de se réunir, et c’est ma mère elle-même : Hélène, qui animait la réunion.
On se saluait évidemment. Une prière d’abord. Une lecture dans la Bible et un petit commentaire ou encore écoute d’un enseignement donné sur les dons du Saint-Esprit ou autre sur cassette. (C’était l’âge d’or des magnétophones à cassette!) Puis Tous les participants faisaient une prière à Dieu.
Rétrospectivement, quel coup d’œil je jette sur tout ceci? A mon avis, le bilan fut globalement positif.
La célébration eucharistique est le sommet de la vie chrétienne, ainsi que l’a dit Vatican II. Mais pour que l’Eucharistie soit vécue intensément, et non pas comme une routine, il faut qu’il y ait des démarches de plus.
On a découvert que la pratique religieuse pouvait se vivre dans nos maisons! Auparavant, on se contentait de réciter le chapelet en famille, et encore là, on peut tomber dans une sorte de routine. Il faut prier en famille et c’est bien nécessaire. Mais il faut y mettre le cœur, aussi.
Le renouveau charismatique a remis la lecture personnelle de la Bible à l’honneur. La Bible s’est vendue depuis, sous toutes les éditions et sous différentes traductions. Comment ne pas applaudir le fait que l’on lise la Bible, surtout le Nouveau Testament?
Et surtout un des plus grands fruits du renouveau, fut la découverte de prier spontanément, de prier avec son cœur. On a appris à prier avec nos mots, on a appris à remercier le Seigneur, à le louer, mais aussi à lui présenter toutes les demandes qui nous tenaient à cœur.
Dans l’Église, bien sûr que de tous temps, les saints et les mystiques ont su présenter au Seigneur leurs prières et leur adoration, mais alors que le Saint-Esprit semblait travailler individuellement dans ces cœurs, soudainement il semblait que tout le peuple de Dieu pouvait apprendre à exprimer sa prière sans obstacle et sans réticence. Le peuple de Dieu pouvait prier sans toujours avoir recours à des formules.
Je note que les religieux qui n’ont eu aucune influence des groupes de prières charismatiques semblent bien peu à l’aise avec l’idée de prières spontanées. On trouve assez rassurant de s’en tenir aux prières bien officielles. Jusqu’où va la familiarité avec une vraie prière du cœur?
Il y a eu des exagérations avec certains phénomènes, tel « le repos dans l’Esprit Saint » . C’est vraiment arrivé. Il y a eu de l’attirance pour le spectaculaire et le merveilleux.
IL faut avoir de la prudence et du discernement face aux paroles ou révélations présentées comme divines.
Quelqu’un pourrait écrire un livre là-dessus, et il y a déjà eu des livres effectivement.
Je termine en souhaitant que la ferveur et l’enthousiasme qui ont régné sur l’Église reviennent encore en ces années où on en voit relativement peu.
O Esprit-Saint envoie ton souffle puissant sur ton Église et sur ton peuple, et fait renaître chez nous la joie d’être conduit par toi. Amen.