Pèlerins et étrangers en ce monde

« Pèlerins et étrangers en ce monde »
Cette expression est de saint François d’Assise. Saint François avait cette spiritualité de ne
s’attacher à rien, et c’était d’autant plus simple pour lui et ses premiers frères qu’ils n’avaient
que fort peu de choses dans leurs habitations. Mais les changements pour les frères mineurs se
firent très rapidement et Assise ne tarda pas à être dominée par un Sacro Convento, Ce grand
couvent des frères voisin de la Basilique et du tombeau de saint François, d’autant plus
impressionnant au Moyen Age, qu’il n’y avait aucun autre édifice comparable, aucun gratte-ciel
par exemple.
Mais ce dont je veux parler aujourd’hui, ce sont des détachements et des déracinements que la
vie elle-même nous impose. Il y a cinq ans, cette année, nous étions réunis pour la dernière fois,
mes parents, ma sœur Carmen et sa famille et moi-même dans la maison bâtie des mains de
mon père lui-même, il y a cinquante ans. Ma mère n’était plus en état de préparer un grand
repas pour la famille : c’est ma sœur qui a cuisiné un bon repas comme elle en a le secret. Ce
fut la dernière journée au tout début de l’année 2013.
Mon père était viscéralement attaché à son coin de pays, et à la maison qu’il avait bâti et le
garage qu’il avait bâti aussi suite à un incendie qui avait ravagé un garage de bois qu’il possédait
auparavant. Aux dires de mon père, le tout petit village de Kingsbury était le summum de ce
qu’on pouvait trouver de beauté sur terre. Je crois surtout que c’est parce que ses racines y
étaient qu’il trouvait ce coin de pays si beau, sans nier la belle nature qu’on y trouve, quoique
sans être un lieu exceptionnel.
Les mots de François d’Assise me sont revenus en tête, lorsque je songeais à ce qui était arrivé.
Vient un temps où aussi attaché qu’on puisse être à une maison ou un coin de pays, notre sœur
la mort, comme chantait François d’Assise, nous oblige à envisager ce que nous n’aurions pas
voulu envisager.
Et moi-même comme religieux qui a fait vœu de pauvreté, j’ai vécu un déracinement assez fort
lorsque j’ai perdu mes parents. Il ya une familiarité dans la conversation qui n’est jamais
exactement la même. Je rencontre des gens formidables chacun à sa manière, mais c’est
évident qu’on ne remplace jamais un père ou une mère.
Que retenir de tout ceci? Et si déjà on s’efforçait de faire un bon cheminement intérieur de
spiritualité à la suite de saint François, qui lui-même essayait de copier Jésus presque
littéralement, est-ce que nous ne serions pas mieux préparés pour les coups durs de la vie, quel
que soit notre âge?
Saint François, accompagne moi et accompagne nous dans ce chemin de dépouillement!