Propos sur La méditation

Ouille! Là je touche à un sujet qui pourrait amener beaucoup de développements, sans compter que si l’on s’en tient au sujet de la simple méditation CHRÉTIENNE, il y a des dizaines et des centaines de livres d’écrits dans les diverses langues du monde.
Le mot méditation est à la mode. Entrez dans un café au coin de la rue, il est bien probable que vous trouverez sur le babillard, une affiche sur des ateliers de méditation. Est-ce dû à la vogue du yoga? C’est possible, mais ce n’est probablement pas la seule raison. (En passant, je n’ai rien contre le yoga, si c’est pratiqué comme une série d’exercices qui fait du bien au corps. J’en ai déjà pratiqué….)
Voici ce que nous en dit Wikipédia : Le terme méditation (du latin meditatio) désigne une pratique mentale ou spirituelle. Elle consiste souvent en une attention portée sur un certain objet de pensée (méditer un principe philosophique par exemple, dans le but d’en approfondir le sens) ou sur soi (dans le but de pratique méditative afin de réaliser son identité spirituelle).1

Et encore : C’est une pratique visant à produire la paix intérieure, la vacuité de l’esprit, des états de conscience modifiés ou l’apaisement progressif du mental voire une simple relaxation, résultats pouvant être obtenus en se « familiarisant » avec un objet d’observation : qu’il soit extérieur (comme un objet réel ou un symbole) ou intérieur (comme l’esprit ou un concept, voire l’absence de concept, ou bien les sensations).
Voilà. Je n’avais pas besoin d’aller bien loin pour comprendre ce que c’est que cette méditation que l’on nous sert partout, incluant Internet.
C’est une technique. C’est un effort. Encore une fois, faites juste taper le mot « méditation » sur google, et vous verrez bien des liens où on vous parle de méditation de pleine conscience, des efforts sur nos pensées, etc.
En définitive, c’est l’être humain qui fait le vide pour être davantage harmonisé et harmonieux, en syntonie avec son environnement, etc.
Il existe chez les chrétiens, une chose telle que la méditation. Mais commençons par regarder Jésus, contemplons le. Les évangiles nous parlent de Jésus en prière. Comme tel, on ne nous dit pas que Jésus méditait.
Ailleurs, on voit les apôtres venir dire à Jésus : « enseigne-nous à prier. » Et Jésus leur apprend une prière : « Notre Père…. » Et depuis ce temps-là, à chaque jour dans la vie des chrétiens, cette prière est reprise.
Dans l’Évangile selon saint Jean , Jésus s’adresse souvent à son Père et nous donne des exemples de prière bien frappants.
Juste avant d’être livré par Judas pour être crucifié, Jésus fait une longue prière, sublime prière, merveilleuse prière : lisez le chapitre 17 de l’évangile selon saint Jean, vous verrez bien !
En régime chrétien, on parle d’abord et avant tout de prière. Mais ça n’exclut pas la méditation.
En effet, j’aime bien cette introduction du dictionnaire de la vie spirituelle : « Dans la spiritualité chrétienne, la méditation signifie communément une forme de contemplation où se succèdent des actes explicites de l’intelligence et de la volonté, tandis que dans la contemplation proprement dite l’activité spirituelle est beaucoup plus simple. ….la méditation suppose une application plus énergique et plus méthodique de l’esprit. »
On se sert de son intelligence pour atteindre Dieu, mais en définitive, tout repose sur Dieu et nos pas sur nos propres efforts.
Le silence est important dans une vie chrétienne et franciscaine. La parole aussi.
Mais alors que la méditation donnée dans des ateliers en ville, repose entièrement sur des efforts humains, en régime chrétien, on reçoit de Dieu la grâce de bien méditer.
Nous les capucins, nous avons cette tradition de prendre une demi-heure le matin et une demi-heure le soir en silence, dans un temps d’oraison. Habituellement, on se trouve devant la présence du corps du Christ dans l’Eucharistie. On y goûte assez souvent le silence et la paix.
Parfois aussi, ce sera un combat. On y goûtera la désolation ou l’ennui.
On peut essayer de méditer, de se représenter le texte de l’Évangile pour mieux le pratiquer, mais on peut aussi rester en silence dans notre cœur sans trop s’alarmer des pensées qui circulent à ce moment dans notre esprit….
Saint François a écrit des prières, très belles, pleines de louanges et de remerciements, mais il n’a pas écrit de grand livre sur la prière comme Jean de La Croix ou Thérèse d’Avila.
Mais son premier biographe écrivait que François « n’était pas tant un homme en prière qu’un un homme tout entier devenu prière ». (2 Celano, 95).
Tout un programme !

février 12, 2018