Une réflexion de notre pape François.

Nous sommes en plein cœur du carême.  Oui, et la semaine sainte s’en vient. Les normes gouvernementales ont tendance à changer à tous les mois. Toutefois d’ici Pâques, je crois qu’elles demeureront les mêmes, et en zone orange, au Québec, il nous est permis désormais d’avoir 100 personnes par célébration eucharistique. Nous aurons sans doute des rites dépouillés cette année, mais ce sera infiniment mieux qu’en 2020 où nous n’avons eu que des portes closes pendant la semaine sainte et des célébrations en zoom seulement. Quelle désolation!

Le carême est un temps fort. Pour nous disposer à célébrer  la résurrection, nous sommes invités à nous approcher du sacrement de la réconciliation. La confession? Ah!……

Pendant  huit années consécutives, j’ai été curé de deux paroisses. Pendant huit ans, je me suis fait un devoir de rappeler que nous sommes invités à nous rendre au sacrement de la réconciliation au moins une fois par année, et ce moment par excellence, c’est surtout le carême.

Tant de fois, j’ai vu des personnes se durcir le visage lorsque je faisais allusion à ce sacrement. Tant de fois, je n’ai vu que fort peu de personnes se prévaloir de l’opportunité offerte lors des célébrations pénitentielles spécialement faites pour elles.

Qu’avaient donc à l’esprit ces personnes que je n’ai jamais vues s’approcher du sacrement de la réconciliation? Est-ce qu’elles continuaient de penser que le seul péché que l’on pouvait accuser était le péché de la chair? Adultères, fornication, mais aussi consommation de pornographie et masturbation? Je pourrais commenter assez longuement tout ça, mais tel n’est pas l’objet de mon propos aujourd’hui. Oui ce sont des fautes, et à divers degrés.

Mais ce n’est pas que cela que nous avons à confesser! Et il y aurait tant de nuances à mettre dans tout ce qui a déjà été nommé. Mais voyons voir aussi….

Orgueil : c’est bien pire que les péchés de la chair.

 Attachement à l’argent et aux biens de la terre et cupidité.  Curieux comme ces formes de péché ne semblent pas troubler l’esprit des chrétiens.  Est-ce que les quelques fidèles qui viennent se confesser encore sont tout à fait détachés de l’amour de l’argent, ou de la crainte du lendemain? Je doute qu’ils le soient tous.

Et puis la liste peut être longue encore : jalousie, rancune, commérage, jugements sur les autres, critiques non-constructives, impatiences, colères, etc. en fait, est-ce si difficile que ça de trouver en quoi nous sommes des pécheurs? Lorsque nous sommes le moindrement un peu lucides sur nous  mêmes!

Dans le dernier livre du pape François, « Un temps pour changer »  il écrit une réflexion qui m’a bien rejointe et spécialement en ce temps de carême. « L’accusation de soi et une notion simple énoncée par un moine du désert du Vie siècle, Dorothée de Gaza, qui s’est inspiré de la sagesse des Pères du désert, lesquels nous ont montré la manière dont Dieu ne nous laisse jamais seuls face aux tentations. En nous accusant nous-mêmes, nous nous « abaissons » , faisant place à l’action de Dieu pour nous unir. Plutôt que de nous justifier –ce qui est l’esprit d’autosuffisance et d’arrogance-l’accusation de soi exprime ce que Jésus dans les Béatitudes appelle la « pauvreté en esprit ». C’est le contraste qu’il établit entre le publicain et le pharisien dans Luc 18, 9-14 : le collecteur d’impôts prie, « Mon Dieu, montre-toi favorable au pécheur que je suis! » tandis que l’autre –qui remercie Dieu de ne pas être comme les autres-est incapable de prier. »

Il est rare dans mon blog que je fais des citations de livre, mais cela m’a tellement frappé  cet extrait de son livre directement inspiré de l’Évangile et de ce que l’on appelle la « patristique » (les pères de l’Église), que j’ai pensé vous transcrire ceci en pages 112 et 113 de son volume.

Bien que le pape s’appelle François,  il n’est pas franciscain, il est jésuite.

Il aurait pu citer aussi François d’Assise dans ses admonitions, par exemple, admonition no 23 : « Heureux le serviteur qui supporte avec autant de patience que s’il se les infligeait lui-même , les avertissements, accusations et réprimandes infligés par autrui. »

J’écris ça, mais croyez-vous que je remplis très bien le programme édicté? Oh non, vraiment pas.

Et c’est pourquoi comme je l’ai déjà dit à certaines fois, je me confesse moi-même, je ne fais pas qu’entendre des confessions, j’y vais moi-même. Je crois à la miséricorde de Dieu!

Bon carême.

mars 12, 2021