Premier, dernier?

25e dimanche du temps ordinaire B homélie

Frères et sœurs,
Un souvenir d’enfance que j’ai et que j’aimerais vous raconter est celui-ci : je suis l’ainé de deux enfants. Eh oui! Il n’est pas nécessaire de venir d’une famille de cinq ou de 15 enfants, pour donner sa vie à Dieu, car nous n’étions que deux enfants, et non seulement mes parents ne m’ont jamais découragé de suivre les voies de Dieu, mais ils se sont intéressé de plus en plus à ma vie de capucin.
Mais je reviens à ce que je disais : étant l’ainé, ma sœur est venue plus tard lorsque j’avais trois ans et demi. Et un souvenir que j’ai, c’est lorsque ma sœur, à l’âge de trois ans, s’es t exclamé solennellement : «  j’suis une grande fille! » Mon père lui a bien confirmé qu’elle était désormais une grande fille.
L’affirmation de soi comme le faisait ma petite sœur, ça peut être positif, ça donne une bonne base dans la vie, tout comme aussi nous guette à ce moment le danger de l’orgueil. On se prend pour plus haut que tout, et en tous cas, on ambitionne d’avoir la première place.
Si vous avez des enfants, il faut leur donner une bonne estime, leur faire prendre conscience de leur qualités, mais en n’ayant pas peur non plus de les corriger de leurs défauts ou de leur paresse, de les éduquer en définitive.
Regardez les apôtres aujourd’hui tels que nous les montre sans complaisance saint Marc.
Jésus, notre Sauveur, notre Dieu, vient juste d’expliquer à ses apôtres qu’il va être livré en tant qu’homme, et qu’il passera par la mort et la résurrection et il rencontre l’incompréhension de ses apôtres. Ils ont même peur de l’interroger. Parce qu’ils ont peur de la réponse, sans aucun doute.
Et les apôtres sont tellement enfantins dans le mauvais sens, qu’ils essaient de savoir qui est le plus grand. Ils ne le demandent pas à Jésus, non! Ils se disputent entre eux.
Tout d’abord, Jésus avait sans doute voulu un groupe assez égalitaire d’apôtres, de témoins de sa Bonne Nouvelle et de ses miracles. Puis ces 12 ont sans doute remarqué qu’à quelques reprises, au milieu de ces 12, Jésus en choisit trois, lors d’événements importants, lors de la Transfiguration, lorsqu’il ressuscite la fille du rabbin Jaîre, etc.
Et ces trois apôtres privilégiés, vous les connaissez ce sont Pierre, Jacques et Jean.
Un jour même la mère de Jacques et Jean s’en mêle pour demander que ses deux fils siègent bien près de Jésus, dit-elle, lorsque son Royaume sera instauré. Elle n’avait vraiment pas compris que ce ne serait pas un royaume à la manière de celui du roi Hérode.
La mère n’a pas encore rien compris, et les apôtres non plus.
Ils avaient pourtant déjà entendu ce que Jésus enseignait mais ils avaient peur de questionner Jésus là-dessus, relisez l’Évangile, c’est écrit textuellement.
Frères et sœurs, , Jésus nous appelle à l’humilité et au service. Jésus le dit très clairement : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »
Être le serviteur de tous!
Est-ce que réellement 2000 ans après les apôtres, 2000 ans après Jésus et sa résurrection, nous sommes bien plus avancé comme disciples de Jésus?
Non. L’ambition existe et jusque dans les rangs ecclésiastiques. Les prêtres qui espèrent devenir prélats, et les prélats qui désirent devenir des cardinaux, ça a existé et ça existe encore. C’est ce que le pape François appelle le carriérisme, et qu’il dénonce d’ailleurs.
L’ambition, ça existe aussi dans nos paroisses, dans nos comités, bien souvent ce n’est pas l’humilité ou l’esprit de service que l’on remarque surtout, mais parfois l’ambition ou le désir d’épater la galerie.
Nous ne sommes pas là pour exercer un pouvoir mais pour exercer un service.
Quant aux prêtres, s’ils réalisaient encore que les deux principaux pouvoirs que Jésus leur a confié, c’est le pouvoir de pardonner les péchés par le sacrement de réconciliation, et le pouvoir de consacrer le pain dans le corps du Christ et le vin dans le sang du Christ, ils oublieraient de se demander s’ils sont assez haut dans la hiérarchie, suivant leur potentiel ou leurs ambitions.
Frères et sœurs, si nous réalisons aujourd’hui que nous nous sommes laissé emporté par autre chose qu’un esprit de service et d’humilité, purifions nos désirs et demandons au Seigneur de nous affermir à la dernière place.
Et plus que jamais prions pour la sainteté des prêtres et des évêques. Personne n’est à l’abri des convoitises, des concupiscences, des tentations de ce monde et de la chair. On voit parfois des prêtres tomber bien bas. Personne ne doit se sentir supérieur.
Prions pour que nous devenions tous et chacun, vous et moi, des saints, des vrais saints. Des saints, ce ne sont pas des statues. On fait des statues des saints, et c’est correct, ça nous aider à nous rappeler leur vie, mais des saints ce sont des gens qui ont aimé intensément Dieu et et intensément leur prochain. Comme Saint Pio, dont nous rappelons les 50 ans aujourd’hui. Le pape François a écrit son dernier document où il nous invite à la sainteté. La sainteté de chaque jour.

septembre 24, 2018