C’est la semaine sainte 2020

Oui, voici la semaine sainte qui se pointe déjà à l’horizon. Habituellement, dans le cycle de nos années, nous sommes contents de voir que nous y arrivons.

Cette année, nous sommes à la semaine sainte, mais une semaine sainte tellement différente de toutes  les semaines saintes que j’ai pu vivre dans ma vie.

Je suis originaire d’un tout petit village des Cantons de l’Est. Dès mon enfance, j’étais touché par ces journées spéciales que nous avions dans la petite chapelle du village   : jeudi saint, vendredi saint, samedi saint et Pâques. Surtout que nous avions congé une partie de la semaine. ..

Quelques décennies plus tard, comme curé, je me sentais toujours bien inspiré pour écrire un « mot du pasteur » pour exhorter les paroissiens et paroissiennes à se souvenir que c’est la plus importante des semaines de l’année et de se faire volontiers présent aux célébrations.

Mais cette année, c’est l’année de la pandémie. Tout est bousculé! Tout est à l’envers!

Cette année, pas de fidèles pour participer à nos célébrations. Les églises sont fermées à double tour. Et c’est comme ça presque partout dans le monde, et c’est comme ça en Italie et à Rome et au Vatican. Incroyable!

Pour ma part, je comprends votre peine, la peine de plusieurs. Vous êtes privés de l’eucharistie pendant des semaines. Je compatis réellement. 

Le Seigneur a bien voulu que dans ma vie je reçoive le sacrement de l’Ordre et ce n’est pas arrivé sans effort, loin de là. J’ai la grâce de recevoir encore quotidiennement le corps du Christ.

Non seulement ça, mais je concélèbre avec trois autres capucins. Ce qui est une autre grâce. Je connais des prêtres séculiers qui doivent célébrer seuls la messe en cette période de confinement.

Ce temps de carême nous a fait vivre et nous fait vivre encore un temps de désert.  Mais il semble bien que le désert ne va pas s’arrêter avec la fête de Pâques.

Nous allons commémorer avec tout notre cœur le vendredi saint, le jour où Jésus a été crucifié au calvaire pour le salut de tous.

Tous, dans nos maisons, dans nos foyers, nous pouvons le vivre, le rappeler.  Nous avons sans doute un crucifix ou des crucifix dans nos maisons? Embrassons-le avec piété et amour. Si vous avez des enfants, invitez-les à faire comme vous.

L’Église nous invite toutes les années à jeûner le vendredi saint. Aurez-vous besoin de chercher très loin des motivations pour faire ce jeûne? Pour plaire au Seigneur,  et aussi en esprit de solidarité avec tous les malades de la pandémie, en esprit de solidarité avec les médecins et infirmiers et infirmières œuvrant auprès de tous ces malades.

 Les alléluias de Pâques seront encore assombris par la pandémie qui malheureusement n’a pas dit encore son dernier mot. Prions de tout notre cœur avec notre pape François qui souffre présentement de ce que le monde est en crise.

Le monde est en crise! Quel pays, quelle île isolée est épargnée du virus présentement? Comme d’habitude, les pauvres sont plus touchés et plus souffrants que les riches.

Ce n’est pas Mark Zuckenberg ou Donald Trump ou n’importe quel autre milliardaire qui va souffrir dans sa chair de ce fléau.  Il est probable que les portefeuilles seront atteints, mais d’autres milliardaires empocheront des profits records pendant ce temps.

Chers amis, prions, prions fort pour que cesse ce fléau et pour que les plus pauvres soient soulagés en ce temps de pandémie et de confinement.

Et soyez convaincus qu’avec la prière, vous savez pourquoi vous continuez votre route.

Il suffit d’ouvrir le journal pour lire le témoignage pathétique de Marc, qui écrivait dans le courrier des lecteurs, se sentir coupable, honteux et inutile.  Je n’invente rien, cet homme a écrit textuellement dans le Devoir, ces trois épithètes, et son cri « ô secours » de quadragénaire angoissé qui ne sait pas comment vivre cette crise et ce confinement.

Chers amis, nous sommes dans la semaine sainte, et nous continuerons avec le temps de Pâques.  Ne perdez pas courage! Lisez le Nouveau Testament ! Je l’ai dit tant de fois dans mes homélies!

Que le Christ crucifié et ressuscité demeure toujours présent en vos cœurs, et je suis certain que  vous allez garder l’espérance que la crise va passer, et que nous allons pouvoir encore nous rassembler en Église et nous rassembler dans nos familles, tout simplement.

Mais est-ce que l’humanité veut bien prendre des leçons après cette crise? J’en parlais dans mon précédent billet appelé  « la pandémie ». Je ne suis pas convaincu que les êtres humains profitent toujours des dures leçons. Pensons au temps de la 2e guerre mondiale qui était au moins aussi dur qu’aujourd’hui. Qu’est-ce qui a suivi? Du bon et du moins bon, c’est certain.

L’ivraie et le bon grain.

 Chers amis, prions pour que le bon grain soit le plus fort.

Bonne semaine sainte!

avril 3, 2020