Des vacances dans le sud?


C’est l’hiver. Il fait froid.  Ceux qu’on pourrait appeler les ours polaires se délectent à skier, patiner ou bien faire de la raquette. 

Les  ours polaires ne sont probablement pas la majorité. Je  ne suis pas le centre du monde, et je ne peux pas prétendre tout savoir sur les gens et leurs habitudes de vie, mais je serais enclin à croire que la majorité des gens se plaignent de l’hiver, maugréent contre l’hiver ou même maudissent l’hiver. 

Honnêtement, quand j’ai à conduire et qu’il est encore tombé 10 cm, je ne suis pas content. S’il fait -15 degrés ou encore moins, je n’apprécie pas du tout. 

Par contre, je suis capable de me rendre compte des beaux cotés que ce climat rigoureux nous apporte. Est-ce que nous envions les pays où sévissent les insectes qui transportent la malaria? Non. Est-ce que nous apprécions un pays dépourvu de crocodiles et de serpents venimeux? Oui.  Je n’ai pas étudié la biologie comme ma sœur l’a fait, mais je crois bien que c’est grâce à l’hiver que nous sommes délivrés de ces pestes. 

Nos villes sont assez silencieuses, si je compare à d’autres pays où j’ai vécu quelques mois, et c’est grâce à notre climat. A -15 degrés, on n’ouvre pas les fenêtres, et c’est ainsi que l’on nous épargne la musique du voisin! Qui n’est pas nécessairement la mienne….

Malgré tout, pour plusieurs personnes la traversée de notre hiver est une épreuve de résistance et nous voyons deux formes de fuite face à ces rigueurs : la première, c’est se renfermer. C’est la fuite la plus facile et qui est à la portée de toutes les bourses.

Au Canada, riches et pauvres jouissent du chauffage. Les pauvres sont souvent dans des maisons anciennes et mal isolées, mais par contre, personne ne peut survivre chez nous sans chauffage. Tout le monde est chauffé! Sauf les sans-abris….Et c’est très triste que des gens soient sans abri en plein hiver, chez nous. 

La deuxième forme de fuite que l’on voit chez les gens qui ont un peu d’argent, c’est de partir pour des vacances dans le sud. La Floride, Cuba, le Mexique, la république dominicaine, etc…..

Nous avons tous entendu un jour ou l’autre ces destinations que choisissent les gens pour aller prendre du soleil. 

Certains passent tout l’hiver en Floride. Quand ils ne sont pas trop malades, et n’ont pas besoin de notre couverture d’assurance-maladie, ils fuient le pelletage et le froid là bas. 

Je n’ai jamais pris de « vacances » dans le sud. Dans ma condition de capucin, de religieux, nous essayons de vivre assez modestement. Je n’ai pas dit : misérablement. Mais j’ai dit : assez modestement. 

Tout le monde a besoin de repos. Nous prenons nos vacances en été, quand presque tout le monde change d’air. 

Comme capucin, j’ai vécu une année complète moins quelques semaines dans un pays d’Amérique centrale, le Costa Rica. Tiens, ça devrait être le sujet de mon prochain blog, que d’en parler un peu, quatorze ans plus tard. 

J’ai donc connu une fois ce que c’est que de passer un hiver au soleil. A vrai dire, ça ne m’a guère manqué, notre froid et notre neige. Je ne suis pas un ours polaire. 

Toutefois, je vivais chez les capucins et je n’étais pas en chapeau de paille et bermudas, à flâner les pieds dans le sable. 

D’ailleurs, des questions éthiques se posent à cet effet. 

Costa Rica est un pays social-démocrate où il y a une couverture pour les soins de santé, et la majorité des costaricains sont alphabétisés contrairement aux pays voisins. 

Le pays est moins riche qu’en Amérique du Nord, mais toutefois en général les gens vivent bien et mangent bien! Très bien!

Lorsqu’on passe la frontière et qu’on arrive au Nicaragua, c’est bien différent. La pauvreté est accablante. On voit de pauvres cabanes avec des revêtements de plastique. Les gamins courent après les étrangers pour quémander des sous. Il y a vraiment de la misère dans ce pays….

Et pourtant je voyais des étrangers qui s’arrêtaient dans le pays pour aller profiter de plages et autres destinations soleil.

Est-ce que je pourrais avoir bonne conscience de me la couler douce à coté de tant de gens qui en arrachent?  Ce n’est certainement pas au Nicaragua ou en Haïti que je pourrais me sentir bien de me gaver alors que tant de gens ont faim….

Ici, ce sont mes entrailles qui parlent. Ce n’est pas seulement parce que je suis un capucin que je ferais ce choix, mais parce que je me sentirais très mal de fermer les yeux volontairement sur la misère qui est là à certains endroits…

Quand on pense à la parabole de Lazare et du mauvais riche, on peut faire facilement un rapport avec ce sujet. 

Nos choix ont des impacts. Faisons des bons choix. 

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février 11, 2019