Deux journées mémorables
Deux journées mémorables
En 1984, j’avais 20 ans. J’étais encore très jeune.
En 1984, Jean-Paul II est venu au Canada, une visite attendue et espérée. Bien des choses ont changé depuis. Céline Dion n’était pas encore une vedette internationale. C’est pourtant elle qui a chanté au stade Olympique devant plusieurs jeunes. (Son catholicisme est demeuré très discret depuis. On l’a vu ressurgir lors des funérailles de René Angélil à la basilique Notre—Dame).
A 20 ans, j’espère que la visite papale allait faire surgir un nouveau printemps à l’église au Canada. Ce n’est pas vraiment ce qui s’est passé.
Cette année, moi et deux autres capucins, nous avons invité quelques jeunes montréalais à se joindre à nous pour la visite du pape François.
Dans notre ancien couvent, il y a bien des chambres qui permettaient d’accomoder le petit groupe, même avec la disparition de certains lits.
Donc, dans l’après-midi du 27 juillet (mercredi) nous formions une petite procession sous le chaud soleil de juillet, d’autant que les capucins étaient revêtus de la bure.
Les sœurs de mère Teresa étaient déjà arrivées sur la grande-allée. Nous avons partagé avec elle, devisé avec elle.
Nous n’étions pas en retard. Les discours du pape, du premier ministre Trudeau et de la gouverneure générale étaient retardé d’une heure.
Le long de la grande Allée, surgit tout à coup un ancien drapeau du Québec, avec un Sacré-Cœur au centre, porté par un jeune. Le drapeau de Carillon. Il ne s’agit pas du drapeau du Québec tel qu’on le voit maintenant mais dans celui qu’on peut appeler son ancêtre.
J’interpelle le jeune en question. Après tout, je suis capucin et je suis à ce moment là revêtu de la bure, je peux très bien demander à un jeune ce qu’il fait.
Je me retrouve avec deux jeunes montréalais. Le plus jeune a 18 ans! Nous pourrions les appeler des jeunes catholiques identitaires. Malheureusement, ils semblent inspirés par des groupes lefevristes.
J’ai donné mon adresse courriel à un jeune fort sympathique, baptisé depuis peu. Toutefois il ne m’a pas réécrit.
La faute d’Internet? Ou bien il m’a jugé non pertinent pour lui?
En fait, j’espère qu’ils se laissent inspirer par ce que dit le pape François, puisqu’il n’invite pas à la croisade mais au témoignage.
Ce que je me suis efforcé de faire.
J’ai fait une rencontre incroyable.
On se souvient qu’une Attikamek nommé Joyce est décédée à l’hopital de Joliette insultée par l’infirmière qui devait la soigner. Nous sommes alors dans un contexte complètement séculier. Il ne s’agit nullement d’une communauté religieuse.
Sur les plaines d’Abraham, je vois une dame un peu âgée avec un chapelet autour du cou et une très belle jupe où on a écrit : « Justice for Joyce ». et je commence a parler avec elle.
Je la complimente sur son chapelet. Je lui dis qu’elle mérite le respect. Et je lui demande si elle connaissait Joyce. Elle me dit que Joyce était sa fille!!
J’étais sidéré! Quelle rencontre!
On s’est salué. Quelqu’un l’appelait.
Lorsqu’une journaliste de Vancouver m’a demandé quel geste je pouvais faire pour la réconciliation avec les premières nations,j’ai cité cette rencontre dans le respect et l’amitié.
Je dois bien dire que dans mon quotidien, je vois bien plus de gens noirs que des autochtones.
Le lendemain 28 nous sommes retournés sur les plaines d’Abraham pour regarder la messe diffusée à Ste-Anne de Beaupré et nous nous sommes mis sous l’ombre.
Après la messe, nous avons mangé et lorsque nous avons quitté les plaines et que nous avons marché rue Ste-Anne, nous avons vu foncer des policiers à moto, suivi de voitures protocolaires noires et qui voyons nous en voiture blanche? Le pape François.
Tout cela est rapide mais j’ai pu prendre une photo lorsqu’il salue les gens.
Deux journées mémorables. Et le lendemain encore. Mais je ne peux tout raconter.
Que le Seigneur fasse porter du fruit au pèlerinage héroïque de notre pape….85 ans.