Façonnés par nos choix

Au Québec, il y a un niveau d’enseignement qui s’appelle le CEGEP, c’est le niveau d’études collégiales qui dure deux ans, et qui est une particularité de son système scolaire. Ce niveau d’études n’existe pas en Ontario, et dans le reste du Canada, où on saute directement du hight school à l’Université.
Pour le meilleur ou pour le pire : les jeunes québécois ingurgitent 4 cours de philosophie obligatoires pour ceux qui ne font pas cesser leurs études avec le secondaire. Des cours de philosophie sont offerts à des jeunes qui n’ont pas fait la démarche de s’inscrire à la faculté de philosophie de leur université ou de s’acheter un livre de Platon ou de Kant par curiosité ou intérêt.
Pour le meilleur ou pour le pire, car vous l’aurez compris, surtout pour une matière comme la philosophie, une réflexion critique sur les grands enjeux de la vie, le cours dépendra presqu’entièrement du professeur et de son bon vouloir.
J’ai eu une professeur qui nous enseignait l’existentialisme 101, c’est-à-dire le courant philosophique dont Jean-Paul Sartre et Simonne de Beauvoir sont les figures les plus connues.
Les figures les plus connues sont des athées. Dans leurs belles années, en tous cas, leur doctrine voulait que pour être libre, nous ne pouvions avoir Dieu au dessus de nous. J’ai toujours accepté Dieu dans ma vie, et je ne pouvais me reconnaitre dans ce pseudo-énoncé.
Une idée intéressante que j’ai entendue à ce moment-là, et que j’ai retenu dans ma mémoire, de l’enseignement de Céline, notre professeur, c’était que notre existence était façonnée par les choix que nous posions à certains moments. Il était question du projet de notre vie, écrit ainsi : « pro-jet ».
Je ne vous rapporterai pas ici toutes les subtilités de Sartre de 1945 (environ) vulgarisé par Céline en 1981. Mais cette leçon de philosophie touchait à un point de nos vies que nous aurons à accepter dans nos existences, un jour ou l’autre : nous sommes façonnés par nos choix.
Sur la base de ceci, dans ma jeunesse, j’ai senti de plus en plus la présence de Dieu dans ma vie et je me suis orienté résolument pour donner un sens chrétien très fort à ma vie. C’est le choix que j’ai fait.
Maintenant comment être sur que ce que je choisis est la bonne option?
Chacun de nous, je crois, au plus intime de notre cœur, quand nous regardons le chemin parcouru, nous voyons bien que les décisions prises plus tôt, nous ont enlevé bien d’autres possibilités.
Est-ce qu’il vous est déjà`arrivé de rêver un peu à ce qu’aurait été votre vie si vous aviez été journaliste ou bien voyageur professionnel (ça existe!) ou bien écrivain, etc.? Je connais au moins une personne qui lit beaucoup et qui rêve à ce qu’aurait pu être sa vie dans une autre époque.
Pour un religieux, (se), il peut être très tentant de se demander où nous en serions si nous avions choisi telle communauté plutôt que telle autre communauté. Parfois ce sont les événements de la vie qui vont nous pousser à prendre certains choix.
Pour une personne mariée, je suis certain que l’on peut se demander après quelques années de vie commune, si nos calculs quant à notre époux ou épouse, étaient les bons calculs. Si j’ai choisi la bonne personne, quoi! Et parfois, il peut être tentant qu’un peu d’amertume se glisse dans nos réflexions à ce niveau. Par exemple : c’est arrivé à mes deux parents, et je le sais très bien. Maintenant qu’ils sont au ciel, (j’espère que leur purgatoire est bien terminé), ça ne les touche plus.
En fait, en parlant de ceci, j’ai commencé à vous écrire un propos très localisé dans le temps et dans l’espace, mais pour en arriver à des interrogations ou des réflexions que se font la très grande majorité des êtres humains, doués le moindrement d’imagination et de réflexion.
Alors, qu’allons-nous faire de tout ceci?
Premièrement, à tout âge, mais particulièrement plus jeunes, demandons au Seigneur d’éclairer nos routes. Demandons sa lumière. Certainement, avec humilité devant lui, et il nous la donnera certainement.
Et deuxièmement, plus nous avançons en âge, plus il nous faut accepter ce que nos choix nous font. Il nous reste toujours une marge de manœuvre, mais à 55 ans, c’est bien évident que nous ne commencerons pas à nous orienter pour devenir astronaute de la NASA ou bien acrobate au cirque du Soleil!
Essayons de donner le maximum que nous pouvons dans la vocation que nous avons embrassé.
Si nous sommes mariés, il peut être compréhensible qu’il arrive parfois que l’on se questionne sur nos décisions étant plus jeunes, mais puisque que nous sommes mariés devant Dieu et les hommes, et pour le bien de nos enfants, quand ils sont plus petits demandons au Seigneur de bénir notre mariage et de nous aider à bien éduquer nos enfants. Et de nous rendre heureux là dedans, dans tous les aspects les plus intimes!
Si nous avons donné notre vie à Dieu, demandons au Seigneur de renforcir notre consécration à lui, de sorte que si tout s’écroulerait a`nos cotés, nous demeurions rivés à lui et à son Amour, l’Amour immense du Seigneur. Dieu est Amour, nous enseigne saint Jean.
Saint Paul enseignait déjà aux premiers chrétiens : « Par ailleurs, que chacun continue de vivre dans la condition que lui a départie le Seigneur, tel que l’a trouvé l’appel de Dieu ». (1 Cor, 7,17)
Tous nous pouvons faire de notre vie quelque chose de beau pour Dieu, pour paraphraser ce fameux livre de Malcom Muggeridge sur sainte Teresa de Calcutta : Something beautiful for God.
Et par ricochet pour nous-mêmes et pour les autres. On peut être tenté d’avoir des regrets sur nos choix à l’aube de notre vie, mais il est inutile de nous épuiser en regret.
Vivons bien le jour qui nous est donné dans la joie!