La vie religieuse

La vie religieuse : incomprise « Qui peut comprendre, qu’il comprenne! » disait Jésus. (Mt 19, 12). Donc, à partir de ce verset, nous pouvons voir qu’il y a des gens qui ne comprennent pas. Et je pense que la vie religieuse est bien incomprise. Si on faisait un sondage national à savoir si les gens trouvent « utile » présentement qu’il y ait des religieux, je pense bien que la majorité dirait non. Mais la vie religieuse n’a pas à être utile. Bien sûr que l’on s’est habitué à parler des congrégations religieuses féminines qui ont entretenu des hôpitaux et des écoles, mais au départ ce n’était pas la raison d’être de la vie consacrée. Dans les premiers siècles de l’Église, ce n’étaient pas ces raisons qui poussaient les pères du désert et les vierges consacrées à vivre d’abord la chasteté, puis la vie communautaire. C’était le souci d’une grande fidélité au Seigneur qui les poussait à le faire dans une époque où l’Église s’installait et s’enrichissait après avoir été persécutée pendant trois siècles. Et si on faisait un sondage dans nos églises, avec nos fidèles encore fidèles, à quel résultat est-ce que nous arriverions? Est-ce que vous pensez que 100% des gens comprennent bien la vie religieuse, et l’estiment? Non. Il y a des personnes qui viennent à nos assemblées, qui n’estiment pas la vie des sœurs ou qui mettent sur le même pied les capucins avec n’importe quel autre prêtre. Et la situation en Église en cette année 2019 n’a rien pour améliorer la situation. J’ai lu dernièrement un livre écrit par Jean-Pierre Denis et qui s’intitule « Pourquoi le christianisme fait scandale » et qui analyse bien la mentalité d’un grand nombre à l’égard de la vie des religieux, et spécialement sur le coté de la vie de chasteté. « Un parfum de ridicule, un soupçon d’hypocrisie, une rumeur d’aliénation : pas facile, sans doute, d’être sexuellement inactif même et surtout par choix assumé, même et surtout au nom de Dieu. La multiplication des sordides affaires de pédophilie, souvent anciennes, mais trop longtemps niées, relativisées ou étouffées par une institution assurée de sa toute-puissance et mettant gravement en cause des prêtres ou des religieux de tout pays, n’a pas simplifié le débat. Au contraire, on en est venu à admettre que le célibat était une sorte d’école du crime sexuel et de l’abus de mineurs, au mépris total des chiffres officiels, des rapports de police et de la réalité des cours d’assise, qui montrent que la plupart des meurtres de femmes, incestes et autres abus sont commis en famille par des hommes mariés. Commode bouc émissaire, donc, que le prêtre célibataire, d’autant plus commode qu’il fait la morale, attitude éminemment contre-culturelle. » A bien noter que ce n’est pas un prêtre ou un dominicain qui écrit, mais qu’il s’agit d’un journaliste et auteur. Il est laïc, ce n’est pas un ecclésiastique. Denis continue : « Nous vivons donc un moment particulier dans l’histoire des mœurs, puisque des notions banales comme celles de chasteté ou d’abstinence sont devenues objet de rire ou de scandale quand elles furent si longtemps admirées. Il faut rappeler encore qu’au cours des trois derniers millénaires et sur tous les continents, sauf peut-être en Afrique noire, elle fut « loin d’être exceptionnelle et a rarement été considérée comme un état contre nature. Des milliards de gens l’ont choisie; d’autres ont été forcés de l’adopter. » En d’autres termes, si l’on observe l’histoire longue des civilisations, elle a fait partie de la gamme des comportements sexuels normaux. Elle constituait en quelque manière, un des deux pôles possibles, pour ainsi dire naturels, ou si l’on veut sacrés de l’érotisme-celui qui se situe du coté de l’interdit et du tabou pour mieux en signifier la gravité, l’importance, la magnificence même. (….) La révolution contre-culturelle des années 60 et 70 du XXe siècle marque donc une césure décisive. A ce moment-là brusquement, la pertinence de la chasteté, de la continence ou de l’abstinence a été violemment contestée au nom de la libération personnelle, du droit au plaisir, de la fin du fameux « patriarcat », voire d’un puritanisme inversé luttant contre toute forme supposée « d’hypocrisie ». Ce changement en cache un autre, plus remarquable encore : il se produit en grande partie au nom de la libération féminine quand longtemps la chasteté a pu être considérée comme un moyen efficace, pour les femmes, d’échapper à la domination du soi-disant sexe fort. » (Pp.239-241 Passim). J’ai trouvé fort bien décrit l’état de beaucoup de mentalités par rapport à notre vie religieuse. Et encore! Ici l’auteur insiste surtout sur la continence, la chasteté, alors le vœu d’obéissance n’est pas moins exigeant. Mais la première remarque qui court dans le public par rapport à notre vie, c’est le fait de ne pas avoir d’enfants (pourtant des couples choisissent de ne pas avoir d’enfants, alors qu’ils le pourraient : ô paradoxe, paradoxe! ) et le fait surtout de ne pas avoir de relations sexuelles. On ne dira pas que c’est facile, et il y a bien des exemples pour démontrer le contraire. Quel est l’avenir de la vie religieuse au Canada? Après avoir été aussi liée à la vie du pays depuis l’arrivée de nos ancêtres au XVIIe siècle, y a-t’il encore un avenir…..au Canada? Je l’ignore complètement. C’est entre les mains du Seigneur. L’Église catholique au Canada, et particulièrement au Québec, traverse un bon purgatoire. Bien malin qui pourrait dire quand et comment il s’arrêtera. C’est entre les mains du Seigneur.

juin 12, 2019