Les premières nations
J’écris un blog. Je n’écris pas un éditorial pour un quotidien, ou bien quelque chose de ce genre.
Et c’est pourquoi lorsque sort un grand titre dans les journaux, je ne me sens pas forcé de réagir aussitôt ou dans les jours qui viennent. Il est bon de faire un tri dans les informations qui nous viennent, et dans les jugements qui sont portés.
Un peu de sémantique…. De qui vais-je parler? Des micmacs, des Abénaquis, des Iroquois, des Hurons ou bien des Algonquins? De l’ensemble de ces peuples présents au Canada lorsque l’homme blanc est arrivé. Ces tribus qu’on a appelés « indiennes ». Pourquoi? L’Inde est loin pourtant? Christophe Colomb recherchait vers l’ouest la route de l’Inde, et il est tombé sur un continent inconnu pour la plupart des Européens de l’époque : L’Amérique. Je crois que Colomb s’est rendu compte assez rapidement qu’il n’avait pas posé le pied en Inde. Pourtant le mot « Indes » est demeuré longtemps, et on a parlé des « Indes Occidentales ». Et surtout, surtout le mot « Indien » est resté jusqu’à ce jour, officiellement avec la fameuse « loi sur les Indiens » qui désigne bien les premières nations, et non pas les immigrants venus de l’Inde, de plus en plus nombreux, surtout dans nos grandes villes….
Lorsque j’ai grandi, et cela, je crois, devait être assez semblable à beaucoup de Québécois, ou même de Canadiens des autres provinces, les autochtones ou indiens n’existaient pas dans notre quotidien. Oui, mon père aimait regarder des films westerns à la télévision, où on voyait de pauvres familles de blancs se faire attaquer par de méchants indiens, forcément. Je jouais avec des petits voisins aux cow-boys et aux indiens. Tout comme en France, les jeunes enfants aussi pouvaient le faire! Mais dans mon quotidien de petit garçon du village de Kingsbury et qui allait à l’école à Richmond, non, je ne voyais ni ne rencontrais de véritable autochtone.
J’ai toujours aimé poser des questions. Je demandais à mon père Maurice où étaient ces fameux indiens, et il me disait que c’étaient dans des réserves. Dans ma petite enfance, nous n’allions pas plus loin qu’en Beauce chez nos tantes et oncles du coté maternel, 3 fois par année. Tout ce qui dépassait deux heures et demie ou trois heures d’une petite route serpentant dans les villages était bien lointain! Ce n’est qu’à mon adolescence, sur nos demandes répétées (ma mère, ma sœur et moi-même) que nous nous sommes mis à voyager un peu plus loin dans les Québec et jusqu’à aller dans la province voisine du Nouveau-Brunswick lorsque j’ai eu 16 ans (Quelle audace!).
Il y a une réserve à Odanak, non loin de Nicolet. Des Abénakis y vivent. En quoi est-ce différent des villages voisins dans cette réserve? Peu de choses. Des maisons bâties comme dans les villages d’alentour. Quelques panneaux où il y a des inscriptions en français et en langue abénaquie. Une église jolie où il y a des sculptures sur bois pour exploiter la culture autochtone. Un musée voisin où on peut en apprendre plus.
J’avais peut-être 15 ans. C’était ma toute première expérience avec des vrais autochtones.
Où est-ce que je veux en venir avec tout ceci?
Dans les tous derniers mois au Canada, nous avons entendu parler parler des autochtones plusieurs fois.
Quoi dire? Le sujet est très vaste et complexe, et demande beaucoup de connaissances historiques. Je crois que la plupart des journalistes qui font des manchettes n’ont pas même ces bonnes connaissances historiques pour parler de ces sujets avec pertinence.
Tout d’abord : L’être humain étant quelqu’un qui développe sans cesse ses connaissances, il était inévitable qu’un jour les Européens sortiraient de l’Europe et découvriraient ce continent isolé depuis des siècles et des siècles.
Les Vikings sont venus dit-on sur les côtes de Terre-Neuve et n’ont pas laissé de traces de leur exploration.
Christophe Colomb a « découvert » l’Amérique en 1492 et s’est comporté comme un conquérant et a mis en esclavages les gens qui peuplaient les îles des Antilles.
Le mot génocide peut se justifier à voir le comportement de certains espagnols qui ont brutalement réduit en esclavage des peuples avec leur soif de l’or….
Un siècle plus tard, lorsque Samuel de Champlain est arrivé avec des Français, jamais ils n’ont réduit en esclavage les Innus ou bien les Algonquins rencontrés à Tadoussac ou bien à Québec.
Au contraire! Samuel de Champlain a fait alliance avec ces peuples et parlait même de métisser les français avec ces peuples déjà installés en Amérique du Nord.
Jamais, ô grand jamais, les Français de la Nouvelle-France ne se sont rendus coupables de génocide à l’égard des autochtones.
Il y a un « hic » dans l’alliance conclue par Champlain.
Vous savez sans doute que les peuples qui vivaient ici se faisaient la guerre régulièrement, et avaient des mœurs assez cruelles les uns à l’égard des autres. C’est la vérité.
Il ne faut quand même pas se faire une idée à la Jean-Jacques Rousseau du « bon sauvage » non touché par les méfaits de la civilisation.
Donc, Champlain a conclu une alliance avec des Algonquins. Ce faisant, il devient ennemi de leurs ennemis : et ici je parle des Iroquois.
Alors, bien longues ont été les décennies de guerre entre les Français et les Iroquois!
La plupart des films westerns du XXe siècles nous ont présenté le cliché de l’indien fourbe et sanguinaire.
Aujourd’hui, un certain discours nous présenterait tous les autochtones comme des victimes d’un homme blanc, patriarcal, et mauvais.
Dans les deux cas, on ne peut résumer d’une façon aussi simpliste l’histoire.
Voici un sujet que je ne peux pas régler en un blog. C’est 5 siècles d’histoire à penser pour nous rendre compte de ces nouvelles qui nous sont arrivées encore en 2021….