Mathieu 6 : un petit « mercredi des cendres » en plein été.

A chaque hiver, arrive le mercredi des cendres. Sous nos climats, il fait encore bien froid et lorsqu’on est frileux comme moi, une journée de jeûne, c’est une épreuve supplémentaire lorsque je dois vivre cela dans un climat qui est déjà une croix à l’avance.

Je n’ai pas voyagé beaucoup à l’étranger. Il y a deux fois où cela m’est arrivé de passer le mercredi des cendres à l’étranger. En 2013, j’étais allé visiter un novice des capucins du Canada et qui n’a pas persévéré avec nous. Il faisait son noviciat en Californie. Vous ignorez sans doute que toutes les provinces capucines d’Amérique du Nord (il y en a 5 aux États-Unis) se sont réunis pour offrir un noviciat commun. Ne croyez pas qu’il est si simple que cela d’offrir un noviciat. Il faut avoir des religieux qui ont de l’expérience et aussi des religieux qui acceptent de parfois sacrifier des ministères ou occupations sans doute plus gratifiantes que de former des jeunes hommes dont on n’est pas même sûr s’ils ont la vocation ou bien encore s’ils vont persévérer.  

Donc, en 2013, je suis venu en Californie dans un endroit un peu tranquille où il y a le noviciat. (Non, je n’ai pas vu Hollywood, ni Malibu, ni San Francisco, etc, etc. ) Les circonstances ont fait que je me suis retrouvé à passer le mercredi des cendres là bas. Nous étions début mars. Comme vous le savez, chez nous, nous sommes encore en plein hiver au début mars. Là bas, il fait un peu froid pendant la nuit, mais pendant le jour, il y a un soleil chaud et c’est incroyable pour un canadien.

J’ai trouvé beaucoup plus facile de manger légèrement là bas, comme l’Église le demande, que dans notre climat froid. Et c’est toujours dans ce contexte que nous vivons nos carêmes!

En cette onzième semaine du temps ordinaire, ce mercredi, nous réentendons cet Évangile qui nous interpelle. C’est une minorité de catholiques qui vient à la messe en semaine, et encore faut-il que les heures soient convenables pour qui est dans la vie active,

Jésus commence par parler de l’aumône. Le mot a mauvaise presse dans la société. On préfère avoir des subventions plutôt que des aumônes. On aime mieux parler de philanthropie plutôt que de parler d’aumône. Pourtant pourquoi se priver de toute manifestation de générosité? Il est bon qu’il est des gestes spontanés et gratuits de don. Jésus a loué le geste de bonté de la veuve qui se privait de quelque chose pour donner au Temple alors qu’on aurait pu juger que ce temple en fait, n’avait besoin de rien!

Dans les téléthons, on essaie de faire sortir les plus grosses sommes en mentionnant les noms de Mr X et de Mme Y, mais le Seigneur Jésus s’adresse à nous en disant : « Quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite…..que ton aumône reste dans le secret ».  Le Seigneur n’est pas un professeur de marketing mais un maître spirituel qui veut nous accompagner dans nos actions et nos intentions.

Le Seigneur nous met en garde aussi contre l’ostentation dans la prière.  En fait je crois que là-dessus, les disciples de Jésus ont intégré  le message évangélique presqu’à la perfection, et nous en particulier au Canada. A quel moment des gens athés ou simplement indifférents voient-ils des croyants en train de prier en dehors de leur église ou en dehors de leur chambre, comme le dit le texte?

 Si Jésus sentait le besoin de recommander aux Juifs de son temps, car Jésus parlait bien à des juifs, d’éviter l’ostentation, nous pouvons dire que nous avons tout à fait réussi  à intégrer ce message. La question que nous pourrions nous poser est plutôt la suivante : comment un jeune homme de 20 ans ou une jeune femme de 20 ans, peut-il savoir que Dieu existe s’il ne voit jamais des gens en train de prier? Comme si nous étions une société d’initiés comme les francs-maçons par exemple. Pourrions-nous poursuivre notre réflexion sur cet enjeu  comme croyants ici, chez nous?

Enfin, Jésus rappelle d’éviter l’ostentation dans le jeûne, l’action de jeûner. Le Seigneur nous invite à la joie même lorsque nous choisissons délibérément de nous priver de nourriture par amour pour lui.

Si nous sommes vraiment remplis d’Amour pour le Seigneur, cela ne devrait pas être trop difficile à faire.

juin 12, 2022