Nos mères

En Amérique du Nord, on les fête le deuxième dimanche de mai.
Mais aujourd’hui, ce qui m’inspire, ce n’est pas précisément cette fête comme telle. Quoique ça tombe bien que j’écrive sur ce sujet aujourd’hui.
Tout récemment, il y eu un film la promesse de l’aube sur le début de la vie du romancier et diplomate Romain Gary.
Enfant unique, par ailleurs, il n’est nulle part question de son père. Voilà donc un fils unique d’une mère qui n’a que lui dans la vie. Tout ce qu’il faut pour créer un lien très fusionnel. Et effectivement, ce sera le lot de Romain.
Lorsque Romain a 10 ans, sa mère prédit à beaucoup de monde que son fils deviendra un écrivain et un ambassadeur de la France. Une sorte de prophétie laïque assez étrange, au demeurant. Et c’est ce qui est arrivé, effectivement, et par tout un concourt de circonstances, puisque Romain a joint les forces de la France Libre, aux cotés du général de Gaulle, dès 1940.
La mère de Romain a pesé très lourd dans l’avenir de cet homme.
Nous aimons bien nos mères mais elles ont tendance à nous voir comme des petits garçons même à trente ans, même à quarante ans….Enfin, il ne faut jamais généraliser. Tout homme porte une histoire différente, mais souvent il y a des points qui se ressemblent.
On peut passer de la joie la plus intense de revoir celle qui nous a donné le jour, à la révolte la plus aigue de sentir qu’elles sont incapables de voir que nous sommes devenus des adultes et par conséquent bien capables de prendre nos propres décisions.
Dans la vie humaine, c’est bien un des sujets qui me laisse le moins indifférent que la relation mère-fils.
Dans les deux dernières années de sa vie, ma mère a décliné physiquement et dans ses fonctions cognitives radicalement.
Ma mère qui sans être une femme qui passait ses journées au téléphone, était une femme qui avait de la conversation et qui aimait causer.
Or, dans les deux dernières années de sa vie, elle avait perdu tout à fait cet art de causer. Elle ne disait que de petites choses….pendant de longues heures que je demeurais à son chevet, au moins une fois par mois.
Son décès a été une vive souffrance pour moi. C’est arrivé il y a quatre ans, le jour de mon anniversaire. Vous connaissez beaucoup de mères qui décèdent le jour de l’anniversaire de leur enfant? Je ne connais qu’un seul autre exemple qui ait vécu quelque chose de semblable.
Alors que pour mon père, ma sœur avait eu le temps de me téléphoner pour m’avertir qu’il était dans les derniers jours de sa vie, je n’ai pas même eu le temps de venir à son chevet. Tout s’est joué en quelques heures.
Comme chrétien e t comme religieux-prêtre, évidemment, je sais qu’elle est vivante en Dieu. Mais c’est dans la foi, et je marche dans la foi. S’il y a une femme avec qui j’ai eu des occasions de prier, c’est bien ma mère.
Lorsque j’écris mon blog, je me permets d’écrire très librement, et des points que je n’écrirais jamais sur un feuillet paroissial. Je sais qu’un bon pourcentage des lecteurs/lectrices de mon blog, sont des mères et je ne souhaite pas heurter personne en écrivant librement. Si jamais un point ou l’autre les heurtait….
L’amour d’une mère pour son fils, c’est fantastique, mais ce sera vraiment aimer votre enfant que de ne pas commenter tout ce qu’il fait, lorsqu’il est devenu un adulte.
Des bons conseils : oui, c’est positif. Mais pas des jugements sur tous les points. Et bien sûr, prier pour eux.
Et un jour, la mort nous sépare, c’est bien une autre vie qui commence. C’est Dieu qui nous promet qu’un jour nous retrouverons ceux que nous avons aimé et avec qui nous avons prié.

mai 6, 2018