Québec en 1995

Retourner vivre à Québec, me replonge dans mes souvenirs.  Il y a 25 ans, j’arrivais dans la ville de Québec. Je songeais à me joindre aux capucins. Pourquoi? Saint François d’Assise m’avait marqué et je voulais marcher dans une communauté de frères mineurs.

En 1995, il y avait bien encore des franciscains à Sherbrooke, mais ils étaient déjà en train de quitter leur grand couvent pour le laisser à la famille Marie Jeunesse. Les franciscains avaient une maison de retraite à Sherbrooke qu’ils appelaient « le Buisson Ardent »  et j’ai pu passer là quelques jours avant que tout cela ferme.

J’étais allé frapper à la porte des capucins, parce que j’en avais connu deux, c’est aussi simple que ça. Je m’étais déplacé jusqu’à Montréal pour rencontrer le frère Jacques Bélanger  que j’avais trouvé bien sympathique et accueillant et qui était ministre provincial des capucins.

Frère Jacques m’a conseillé de m’établir à Québec, d’y faire du bénévolat et de fréquenter les capucins de Limoilou.

Venir à Québec! Quelle aventure c’était pour moi, à cette époque.

J’arrive à Québec où je ne connaissais personne, et ma première nuit, j’ai couché dans une auberge de jeunesse, la rue d’Auteuil, si ma mémoire est bonne. La seule fois où j’ai passé la nuit dans une auberge de jeunesse!

Je me suis trouvé un petit appartement rue Richelieu, dans le quartier St-Jean Baptiste. Une rue relativement calme parallèle à la rue St-Jean où marchent tous les passants.

J’avais réussi à trouver un petit appartement :  1 grande pièce : à la fois cuisine et chambre, et une petite salle de bains. Ce n’était pas très spacieux, mais ma mère a réussi à y faire un ou deux courts séjours chez moi!

Et ce n’était pas trop cher. Le chiffre qui me vient en tête est : 325$ par mois. C’est ce que je crois bien me souvenir.

J’ai connu un Québec « paroissial » qui n’existe plus aujourd’hui. En 1995, il suffisait de faire quelques coins de rue, et on tombait sur une église paroissiale ou une communauté religieuse qui avait des célébrations religieuses pendant la journée.

Tout près de chez moi, rue Richelieu, il y avait bien sûr la monumentale église St-Jean Baptiste remplie de dorures et si belle. J’y ai fait du bénévolat!

Un peu plus loin, mais facilement rejoignable à pied, il y avait la chapelle historique du Bon-Pasteur, qui présentait chaque dimanche, une espèce de messe-concert. J’y suis allé deux ou trois fois, mais j’étais déçu par l’assistance qui semblait davantage se préparer à un concert qu’à l’Eucharistie.

Juste un peu plus loin, la paroisse Saint-Cœur de Marie, sur la Grande-Allée. On y priait fort bien  dans cette grande église au toit byzantin.  Depuis longtemps, elle était fermée et sa carrière de galerie d’art n’a pas duré bien longtemps. Elle est maintenant démolie.  Pourquoi ne peut –on garder les échantillons les plus intéressants de nos temples? Évidemment, la question du chauffage se pose toujours : qui va payer?

Tandis que d’après ce que je sais,  en France, il y des églises séculaires qui ne sont pas chauffées et qui ne servent qu’une ou deux fois par année, et qui se maintiennent.  Toute une différence avec chez nous! Pensons à notre hiver glacial….

A cette époque, ma mère est venue me visiter quelques fois à mon appartement de Québec. Tant qu’elle en a été capable, elle aimait briser la routine de son petit village de Kingsbury, spécialement lorsque le jardinage qui lui plaisait tant, était terminé. Ma mère ne vivait pas pour astiquer sa maison, ça, c’est certain.

Je me souviens de certains dimanches où nous allions à la basilique-cathédrale pour la grand-messe. Nous marchions d’un à deux kilomètres. Pour une femme de 66 ans, elle se débrouillait quand même bien. Je trouvais tout naturel de marcher toutes ces distances, (elle ne conduisait pas pour venir à Québec, et je n’avais même pas le permis de conduire!) mais je me rends compte que je l’aidais à se maintenir en forme avec toute ces marches….

Après la messe, nous retournions sur nos pas, et nous allions prendre un  « repas-santé » rue St-Jean au restaurant le Commensal et qui n’est plus là maintenant. Personne ne parlait de végétaliens et mon corps ne m’avait encore donné aucune indication d’intolérance au gluten, et nous prenions des bonnes assiettes à cet endroit qui ne manquait pas de classe. Car le décor sans être luxueux, était chaleureux.

Tout à l’heure, j’ai parlé de bénévolat. Et c’est la vérité que je me suis bien impliqué à l’époque. Grâce à un organisme qui s’appelait « L’Entraide du Faubourg », je suis entré en contact avec une dame âgée, Marguerite Poitras, qui habitait la rue Claire-Fontaine. Une dame prolixe. Autrement dit « une machine à paroles ». Mais bien généreuse.  Je faisais des petites courses pour elle. Ce n’était pas très difficile à faire, et elle semblait si contente que je le fasse.

La dame en question a connu ma mère, et des liens ont été crée. Treize ans plus tard, elle assistait encore à mon ordination au presbytérat. Elle repose maintenant en paix.

Il y a encore un autre organisme qui existe encore, à ce que je sache, et qui s’appelle « les services amicaux de la Basse-Ville ». J’ai accompagné des personnes âgées à l’hôpital et j’attendais avec elles là bas.

J’espère que je ne vous ennuie pas avec mes souvenirs. Pour moi, ce sont de bien doux souvenirs.

novembre 29, 2020