Sobriété ou épicurisme?

C’est en parlant du bonheur que j’aime à parler de ce thème cette fois.
Le terme épicurien est bien à la mode. Je l’ai vu plus d’une fois, surtout dans des slogans publicitaires. A ma grande surprise, lorsque j’ai cherché sur Google le terme « Épicure » il y a un site web qui s’est carrément approprié le nom du philosophe et c’est un site web de recettes culinaires, surtout.
Car Épicure, c’est d’abord un philosophe, un penseur, comme l’étymologie le dit en grec, c’est un ami de la sagesse. L’école de philosophie véritable qui s’était développée dans l’Antiquité n’existe plus, son souvenir est dans les archives, alors que le bouddhisme qui est née à la même époque et que l’on présente parfois comme une philosophie, existe toujours. (Si le bouddhisme existe encore, c’est parce que c’est une religion. Son succès auprès des Occidentaux est une autre histoire…)
Dans la publicité de notre époque, lorsque l’on nous parle d’épicuriens, on est presque certains de voir apparaître une table avec des bons plats et quelques coupes de vins. Lorsque quelqu’un se définit comme épicurien, on est presqu’assuré que la recherche du sexe est importante chez eux, on songe parfois à des excès qui se rapprochent alors du pathologique.
Pourtant je ne crois pas qu’Épicure se reconnaîtrait dans cette façon de se servir de son nom. Si on fait un peu de philosophie 101, Épicure est un grec qui faisait consister le plaisir en « une absence de douleurs ». On n’est loin de la jouissance débridée!
En fait, Épicure s’était acheté un jardin, et pour lui la nourriture nécessaire pouvait consister en une moitié de pain, ce qu’il faut pour satisfaire la faim. Platon, un autre philosphe avait une académie où il recevait ses disciples; fameuse institution d’ailleurs; Épicure, lui, recevait ses hôtes dans un jardin. Épicure avait aussi en haute estime l’amitié, ce qui est certainement digne d’éloge.
Ce n’est pas seulement la foi ou l’Église qui est mal connue ou malmenée; on constate que dans notre monde distrait et rempli de publicités, même les philosophes sont soient inconnus ou caricaturés.
Alors quoi? Est-ce que je me fais moi-même disciple d’Épicure?
Non, bien sûr. Nous ne méprisons pas la réflexion intelligente qui s’est faite dans le monde humain à la lumière de la raison. En Église, le modèle par excellence fut saint Thomas d’Aquin, qui à son époque s’est servi de la réflexion faite par Aristote que l’on redécouvrait, que Thomas a resitué dans sa propre synthèse à la lumière des saintes Écritures.
Donc, les saintes Écritures nous invitent à la sobriété, à la mesure, et saint Paul rappelle d’éviter l’excès de vin, d’alcool et de ne pas courir après la débauche. Saint Paul ne pouvait certes pas parler de la pornographie moderne diffusée présentement par Internet et qui est une tentation qui guette tout le monde mais surtout les hommes, qu’ils soient célibataires ou mariés.
Il y aurait encore tout un chapitre à écrire sur ces sujets, mais aujourd’hui je me contente de souhaiter : Que le Seigneur nous aide à rester tempérants.