Treize ans plus tard!

De la fin aout 2005 jusqu’à juillet 2006, j’ai passé un an en Amérique centrale. Un capucin encore relativement jeune (41 ans) qui passe près d’un an en dehors de son pays natal. Ce fut mon plus long séjour en dehors du pays qui m’a vu naître.

Qu’est-ce qui m’a frappé, qu’est-ce que j’ai retenu du contexte où j’étais? J’Étais principalement au Costa Rica. Pays réputé pour sa nature et aussi ses plages. Je fais remarquer tout de suite que je vivais chez les capucins, et les capucins au Costa Rica sont concentrés dans une unique ville : Cartago, ville où il y a le sanctuaire dédié à Nuestra Senora de Los Angeles, Notre Dame des Anges. Au milieu des montagnes et à des heures de route de l’Océan. J’ai bien vu les montagnes, mais fort peu l’Océan.

J’ai pu toucher du doigt que l’Amérique latine est un monde en soi. Qui parmi nous connait les Amériques du Nord au Sud? Presque personne. Comme je le faisais remarquer la dernière fois, il y a bien des gens pour se rendre dans les Antilles ou bien encore sur les plages fameuses du Mexique. Mais qui prend le temps de connaître autre chose que les hôtels et les destinations touristiques?

Alors, nous connaissons peu les Amériques, et les latinos connaissent assez peu notre réalité. Ils subissent l’impérialisme économique et culturel des États-Unis. Bien des gens travaillent dans des « Call centers » pour de grandes entreprises où l’usage de l’anglais est obligatoire, puisqu’il s’agit de centre d’appels dirigés vers les nord-américains. Il y a aussi beaucoup de touristes en provenance des États-Unis. Mais le Canada est bien oublié dans la conscience commune de ces gens. Il faut presque que ces gens aient eux-mêmes des parents quelque part dans le Sud de l’Ontario pour qu’ils se rappellent….que nous existons!

Costa Rica est réputé pour sa nature. Pour ses volcans. Nous ne connaissons pas les volcans, ici. Mais Costa Rica n’est pas célèbre pour ses villes. Cartago est absolument quelconque, et San José, la capitale est aux dire même des costaricains, très laide.

Ce qui frappe un canadien comme moi, lorsque personne ne se met en peine de le prévenir, c’est le spectacle de tant de maisons avec des grillages et des barres partout. Tout le monde semble avoir à défendre sa maison contre d’innombrables bandes de brigands! Alors qu’il n’en est rien, enfin….il y a 13 ans. Dans ce climat tropical, les jours finissent toujours vers six heures environ, et plus d’une fois, je me suis promené dans les rues de Cartago vers 19 heures ou 20 heures…..et tout était calme.

Enfin, pour un canadien qui est habitué de voir les maisons ouvertes et sans protection particulière, sauf peut-être un système d’alarme à l’intérieur, le spectacle des maisons `là bas, est assez austère. On finit par s’habituer mais ce n’est pas évident.

Ensuite, la pollution et le bruit dans les villes sont frappants. La propreté des rues laisse à désirer et dans les pays voisins, c’est encore pire. Au Nicaragua, on dirait que les services de collectes des déchets sont simplement inexistants, et on voit combien de déchets abandonnés le long des routes et des rues? Certains brulent les déchets, dont le plastique, ce qui donne à l’air cette odeur de brûlé que l’on sent un peu partout.

Les villes sont bruyantes. On dirait qu’on entend constamment des alarmes d’auto qui partent à un instant ou l’autre. Sans compter la musique à tue-tête en dehors des autos ou des maisons. J’ai remarqué ensuite combien nos villes sont silencieuses dans l’ensemble si on compare….

Dans l’esprit des gens, il semble qu’il faut qu’il y ait toujours de l’animation, toujours du son. On prend l’autobus, et le chauffeur démarre un film sur les écrans TV présents dans l’autobus, des films de Hollywood avec sous-titres en espagnol. S’il n’y pas de films, on nous met de la musique, et on l’entend!

Par contraste, ici, les autobus de Grey Hound ou de Orléans Express ne diffusent aucun son particulier. Les gens peuvent se reposer ou regarder leur cellulaire comme c’est devenu la hantise de tout le monde….ou presque.

Si on a faim dans l’autobus, des gens montent à certains moments offrir de la nourriture à vendre. Tout le monde se débrouille avec un petit boulot….

Costa Rica est remarquable pour avoir aboli son armée il y a plus de soixante ans. Il n’y a que la police là bas. L’éducation est obligatoire et presque tout le monde sait lire. Ce qui n’est pas le cas des pays voisins comme le Honduras ou le Nicaragua.

Il existe aussi une certaine sécurité sociale, aussi.

Outre le fait que Costa Rica produit un excellent café, ce qui m’a le plus impressionné et réconforté était de voir l’expression affichée de leur catholicisme encore en 2006. Je ne suis pas retourné depuis, et je ne puis donc pas me prononcer sur l’évolution du pays à ce niveau, mais par rapport à l’état lamentable de l’Église d’Ici, j’ai vu des groupes de jeunes fiers de se réunir pour leurs activités, et ce, à l’heure de l’Internet et des cellulaires.

En 2006, j’ai vu des processions de la Fête-Dieu dans les rues, et j’ai vu des gens ordinaires mettre des pétales de fleurs dans les rues pour exprimer leur fierté. Personne leur tordait le bras, personne les menaçait de l’enfer s’ils ne le faisaient pas.

J’ai vu pendant la semaine sainte les gens qui faisaient la queue pour entrer à l’église recevoir le sacrement de la réconciliation. Je rappelle que c’est en 2006. Il n’y avait aucune queue devant les confessionnaux chez nous!

J’ai vu la grande église des capucins pleine pour les messes de 5 heures et 6h30, le dimanche. Les jeunes venaient en grand nombre pour les messes du dimanche soir.

Est-ce encore la même situation treize ans plus tard? Est-ce que le Seigneur voudra bien que j’y retourne un jour et que je vous dise ce qui en est? Cela dépend de lui.

Pourquoi les Costaricains sont restés plus fidèles à l’Église catholique que les Québécois? Je ne sais pas. C’était la même Église….Trop d’abondance matérielle pour les québécois les a poussé à oublier bien des choses, me semble-t’il.

J’ai du respect pour le Costa Rica, et pour les Costaricains, des gens joyeux, pour la plupart et accueillants aussi.

février 18, 2019