Une semaine sainte unique dans ma vie

Non, il ne s’agit pas de celle que je viens de vivre cette année. Évidemment, l’événement de la mort et de la résurrection est toujours réactualisé dans ma vie, ce qui fait que je ne m’habitue jamais tout à fait à ce que je vis.
Mais il y a douze ans, en 2006, ce fut vraiment différent.
Nous étions naturellement en avril, et depuis la fin d’aout, je me retrouvais dans un pays et une culture totalement différente de la mienne. J’ai demeuré pendant près d’un an en Amérique centrale, au Costa Rica plus précisément. Mon port d’attache était la ville de Cartago, située au centre du pays, près de la capitale.
La semaine sainte dans ce pays est une expression que l’on connaît. Ce ne sont pas seulement les gens pratiquants qui la connaissent, mais tout le monde. C’est une semaine de congés pour tous, et tandis qu’un bon nombre prend des vacances à la plage, les plus fervents iront en mission dans le pays.
La jeunesse franciscaine de Cartago s’en allait en mission dans un coin reculé du pays. Comme je participais à leurs réunions, je me suis montré intéressé à participer à leur mission surtout que c’était une belle occasion de rencontrer d’autres personnes du pays.
J’ai tellement aimé mon expérience de la semaine sainte!
Aussi étonnant que cela puisse être dans un pays catholique depuis l’arrivée des espagnols et des premiers colons, les prêtres qui sont bien nombreux dans les villes, sont assez rares dans les campagnes.
Alors, j’étais dans un petit village. Je me retrouvais avec un jeune homme de 17 ans environ et une jeune fille du même âge. Nous étions logés chez un campesino, un paysan du même âge que moi à peu près, avec son épouse et ses deux enfants. Une maison très simple. Ils avaient l’électricité, mais très peu d’appareils, et aucun réfrigérateur. Des gens de cœur, ce paysan était près à partager le peu qu’il avait, avec nous.
Nous nous rendions le jeudi saint dans la chapelle du hameau, et à cette époque, je n’étais pas encore prêtre. Toutefois, comme capucin, et plus vieux que les deux jeunes, c’est moi qui présidaient ces célébrations du jeudi saint et du vendredi saint, lisant l’espagnol avec mon fort accent français….
Je me souviens particulièrement du vendredi saint. De toute ma vie, ce fut le plus chaud que j’aie jamais connu. Étant dans une famille, naturellement il n’y avait pas de chapelle. Alors, je me levais avant tous les autres, et je me suis rendu sur la galerie à l’avant, et j’ai prié dans la chaleur du jour qui commençait. Pendant mon oraison, j’ai vu un de ces papillons bleus qui habitent ce pays, passer devant moi. Je louais le Seigneur pour la beauté de sa création.
Plus tard dans la matinée, nous faisions un chemin de croix sur la route de ce hameau. Pendant que nous étions un petit groupe à porter le crucifix, nous passions près de maisons où nous entendions de la musique rock latino qui s’échappait d’une fenêtre.
Ce n’est pas tout le monde qui suit la semaine sainte avec ferveur, évidemment.
Finalement, pour la veillée pascale, tous les petits groupes dispersés en différents villages, se retrouvaient dans la plus grande municipalité où le capucin missionnaire présidait et baptisait plusieurs enfants cette nuit-là.
Il y a eu des moments très difficiles que j’ai vécu dans cette année-là, mais la semaine sainte, fut par contre, une très belle expérience et la seule fois où je l’ai passé dans un contexte culturel et religieux différent de mes origines.
Joyeuses Pâques à tous! Le Christ est vraiment ressuscité!

avril 3, 2018